8/16/2015

Yours to discover



Les grands changements

En février dernier, après plus de 15 ans chez le même employeur, je quittai pour de nouveaux défis en acceptant un boulot auprès d'une grosse corporation.  Quoique la culture d'entreprise soit fort différente de celle de la PME où je bossais précédemment, je me retrouvai au sein d'un département comptant peu d'employés et une agréable collégialité avec mes collègues s'installa rapidement.  Daniel, l'Ontarien de naissance, toujours domicilié dans la province voisine, fait partie de ceux-ci.  C'est pendant l'une de nos nombreuses discussions gourmandes que j'appris l'existence du fameux perch roll de Lancaster.  Sans mauvais jeu de mot aquatique, m'en fallait pas plus pour que l'envie de m'y mouiller me prenne...



Euh... Un quoi?


Je présume que vous devez présentement vous poser la même question que moi lors de mon premier entretien concernant ce curieux sandwich.  Un quoi?.  La réponse est simple : c'est le pendant d'eau douce du lobster roll, quoique sa composition est moins élaborée que son cousin de la Côte Est.  Outre la perchaude servit dans un pain hot-dog grillé, c'est la fameuse sauce secrète - une autre qui s'ajoute à la longue liste rehaussant les classiques de plusieurs greasy spoon - qui donne la touche distincte au produit.  On peut y ajouter des oignons, au choix.  Pour la petite histoire, c'est à Lancaster (maintenant annexé à South Glengarry), que le perch roll a été inventé.  Tout comme Valleyfield du côté québécois, les lieux bordent le Lac St-François.  Il est donc tout à fait naturel qu'on opta pour la perchaude dans la région plutôt que le célèbre crustacé!  Selon le petit encart historique lu à côté de la caisse du restaurant visité, la création du mets daterait des années 20.  Je n'ai malheureusement pas retenu ni noté davantage, mais je croyais pouvoir me rabattre sur le web pour trouver plus d'informations.  Malheureusement, selon mes recherches, il semblerait que, mis à part quelques clips sur Youtube, la documentation sur le sujet soit déficiente.





401


Lorsque je commençai à échafauder la rédaction de ce billet, j'en discutai davantage avec Daniel, qui me conseilla d'opter pour Bourdeau Restaurant, une institution d'une vingtaine d'années sise à la sortie 814, au nord de la 401.

Première constatation : Isamie se rappelle soudainement y être déjà allée avec son frère!  Le premier coup d'oeil me plait beaucoup.  Un mélange d'entretenu et de débraillé, les lettres décollant sur la marquise du restaurant.
  Plusieurs tables à pique-nique sont éparpillées à l'extérieur, avec vue sur l'autoroute qui défile au loin.  La nôtre était collante d'un achalandage de beau dimanche d'août, un dimanche doux et léger où une des serveuses préfère jaser avec une connaissance assise à une table voisine plutôt que de s'attarder à nettoyer.  J'aurais probablement fait pareil.  Une balançoire est accrochée à un gros arbre afin de distraire les enfants trop grouillants.  En bref, une vision de l'Amérique truck stop/shack à patates un peu figée dans le temps.




Les préliminaires


Une fois installés à notre table et les menus dans nos mains, l'excitation me prit tranquillement.  J'enlignais évidemment les perch roll, mais j'avais lu sur un obscur blogue de poutine que cette dernière valait le détour.  Nous nous concertâmes sur ce que chacun allait prendre : j'optai pour deux perch rolls, Isamie se laissa tentée par le peameal bun, tandis que Julie ne désira que piquer dans une poutine que l'on allait partager à trois.  J'ai délibérément évité de parler du sandwich d'Isamie dans les paragraphes suivants, car je n'ai pas pu l'évaluer avec assez de précision.

Le service se déclina en trois temps, en trois générations de femmes, ce qui nous laissa un peu perplexe sur la façon de procéder.  La plus jeune vint prendre nos breuvages, celle du milieu revint noter notre commande et l'aînée "calla" mon prénom à l'anglaise au moment d'apporter notre lunch.  Tout le reste se déroula en français dans ce terreau franco-ontarien.  Un perch roll était d'ailleurs manquant lorsque je reçus ma commande, mais rien ne pouvait me déranger.  J'en commandai tout simplement un autre avant d'entamer le premier.

Le baptême


Fébrile, je préférai débuter par la poutine, qui débordait de beau cheese St. Albert, une fromagerie située tout près.  On ne lésine pas sur la crotte chez Bourdeau et cette dernière reste ferme malgré la surabondance de sauce.  Faut dire qu'avec le temps, j'ai développé une préférence pour les poutines moins arrosées et j'aurais apprécié un peu plus de retenu à ce niveau.  Qu'à cela ne tienne, c'en est une fort respectable qui me fut servie, le liquide n'étant pas trop salé et se mariant bien au fromage et aux frites.  Parlant de celles-ci, elle sont légèrement sucrées, grillées à point et croustillantes.  Faudrait par contre que je les teste toutes nues afin de me faire une meilleure appréciation.


Vint ensuite le moment de passer au clou.  Tel que je le mentionnais un peu plus haut, le perch roll consiste en une part de perchaude bien poêlée, nappée d'une sauce secrète et parsemé de morceaux d'oignon, servie dans un pain hot-dog toasté.  À ma première bouchée, je fus surpris par la délicatesse des saveurs, le pain était savamment grillé sans que le goût de beurre n'envahisse trop celui délicat du poisson blanc.  La deuxième bouchée révéla quant à elle la douceur sucrée de la sauce spéciale, parfaitement en équilibre avec le reste des éléments composant le plat.  La dite sauce est constituée d'ingrédients du quotidien (majoritairement du vinaigre blanc, des oeufs, de la moutarde sèche, du beurre et du lait), mais il en résulte un liquide soyeux, laiteux et savoureux.  Servie parcimonieusement avec le poisson cuit à point, elle ne détrempe pas le pain, ce que je craignais un peu au départ.  Une création intéressante et surprenante, pas nécessairement un must à tout prix, mais définitivement un arrêt qui vaut la ride d'auto d'une heure par un bel après-midi d'août.





Le détour


Si vous n'êtes pas pressés pour le retour, continuez donc votre route pendant une trentaine de minutes sur la 34, jusqu'à Vankleek Hill, et arrêtez chez Beau's, une excellente micro-brasserie locale.  Même si leurs produits sont maintenant distribués au Québec, vous pourrez peut-être tomber sur une bouteille au brassage limité, vous procurer un de leur magnifique produit dérivé ou tout simplement y boire un verre dans un cadre champêtre et stylisé.



Bourdeau Restaurant
229 S Road Military
Lancaster, ON


Beau's

10 Terry Fox Dr
Vankleek Hill, ON
beaus.ca